Homme par-dessus bord / Proses 1931-1947

couverture

Homme par-dessus bord / Proses 1931-1947

Kurt Schwitters

Suivi de "Comment
je me suis traduit
Kurt Schwitters"
de Sabine Macher

Langue(s): 
Français
Traduction: 
Sabine Macher

284 pages
23 euros

Conception graphique: 
Anna Massoni et Sandra Pasini
Paru en novembre 2022
ISBN: 
9791093457154
23 euros

Publié avec le soutien de la Fondation Jan Michalski pour l'écriture et la littérature et de la région Auvergne Rhône-Alpes.

Aucun des textes rassemblés dans ce livre n’a paru du vivant de Kurt Schwitters (Hanovre 1887 – Ambleside 1948). Ils ont été rédigés à la machine à écrire ou à la main, parfois dans une écriture abrégée, en grande partie durant son exil en Norvège et en Angleterre. Ils ont été retranscrits pour la première fois lors de l’édition des oeuvres littéraires complètes de Kurt Schwitters publiées en cinq volumes à partir du milieu des années 1970. Cette édition intégrale faisait apparaître une oeuvre considérable et pour partie complètement méconnue, poursuivie par Schwitters tout au long de sa vie bien au-delà des quelques bornes publiées/connues, aussi bien à travers la forme du poème que du récit, du conte, de l’anecdote, des pièces de théâtre ou des manifestes (sans parler de sa correspondance, dont des extraits ont paru postérieurement). Les textes que nous rassemblons dans cette édition représentent donc seulement un fragment du « Continent Schwitters » (qui continue d'être exploré par les amateurs et les chercheurs : une nouvelle édition complète, numérique et papier, est en cours de publication en Allemagne). S’inscrivant à la suite de plusieurs importants ensembles de traductions françaises en livres et en revues (notamment les traductions de Marc Dachy et Corinne Graber, celles de Patrick Beurard-Valdoye et Isabelle Ewig, le catalogue du Centre Pompidou), cette nouvelle édition se focalise sur la période 1931-1947 et sur des textes en prose, pour ce qu’ils donnent à lire à la fois d’un goût et d’un art du récit et du conte chez Schwitters, et d’un portrait en filigrane de ses dernières années allemandes et de son exil forcé et définitif à travers la Norvège puis l’Angleterre.

 

...

 

"Pendant la période de traduction, quand je répondais à la question :
- Tu fais quoi en ce moment ? ou :
- Tu fais quoi cet été ? je répétais :
- Je traduis Kurt Schwitters.
Et je voyais bien que ce nom aux sonorités allemandes restait sans le moindre écho dans les yeux que je regardais, qui me regardaient.

(...)

Je dis : c'est un artiste allemand qui a habité dans son atelier qui était son oeuvre, il a écrit, fait des revues, organisé des expositions, des regroupements et tournées d'artistes, il a ramassé des choses partout et par terre pour les coller ensemble, il a déclamé ses textes et ses sons, il a inventé l'installation et un mouvement d'art nommé Merz "pour une seule tête, la sienne", il a fait de la publicité, a été typographe, éditeur et graphiste, il a fait des affaires, il a voyagé, aboyé et dormi sous sa table dans un camp sur l'Isle of Man pendant la seconde guerre mondiale, il a changé de langue après avoir changé d'île, il a cru être devenu citoyen anglais la veille de sa mort en Angleterre. Mais comme il n'a pas pu répondre aux courriers de naturalisation, il est resté un mort allemand (je ne sais plus dans quel livre j'ai appris cela, mais à part dans cette source, tout le monde écrit qu'il est mort anglais)."

 

(Extrait de la postface de Sabine Macher, "Comment je me suis traduit Kurt Schwitters".)